Voyage au bout de la rizière – 3 – SAPA, HUE, NHA TRANG
Il y avait foule à la gare et ce fut difficile de trouver notre place
Nous partions vers Sapa, dans une belle région près de la Chine
Notre cabine était exiguë mais nous n’avions pas l’exigence d’un palace
Elle était bien suffisante pour ce voyage où la nonchalance prédomine
Bercés par la lenteur du train, et le balancement des wagons
Notre nuit fut douce, et finalement calme et reposante
A l’arrivée, un nouveau guide nous attendait, c’était un jeune garçon
Il était charmant et d’une allure plutôt avenante
Pour rejoindre Sapa, il fallait désormais prendre le bus
Nous étions à Lao Cai, il restait près d’une heure de route
A travers la montagne, voir la beauté des rizières suspendues
Et ces multiples nuances de vert qui nous envoûtent …
Arrivés à l’hôtel, nous primes un thé avec notre guide
Nous voulions bavarder avec lui pour mieux le connaître
Il s’appelait Vinh, s’avérait attachant, et un peu timide
Il était jeune marié et son premier enfant, un garçon, venait de naître
Notre première visite dès l’après-midi, fut pour le mont Ham Rong
Et ses magnifiques jardins perchés au-dessus de la ville
Ce n’était pas chose facile, en altitude sur ce chemin assez long
La chaleur était accablante, Vinh nous préconisa de marcher tranquille
En parcourant de jolis sentiers et de beaux parterres de fleurs
Mon regard fut attiré, sur la pelouse, par un trèfle à quatre feuilles
J’avoue que j’avais eu un sacré coup de chance de trouver ce porte bonheur
C’était un miracle qu’au milieu de ce tapis vert, il avait pu attirer mon œil
J’expliquai à Vinh ce qu’il représentait dans notre civilisation
Il était, depuis la création, symbole du bonheur et synonyme de chance
Je décidai de le donner à Vinh, pour son tout petit garçon
Il me remercia longuement, ému et surpris par cette bienfaisance
Le lendemain, nous devions partir tôt pour une longue randonnée
Traversant les sentiers pour rejoindre plus haut les Hmong Vietnamiens
Vinh était prévoyant et nous avait apporté deux ombrelles
Heureusement, car la montée était difficile, même tôt le matin
A cette altitude, nous étions comme écrasés par la chaleur
La beauté de ces paysages montagneux et de ces rizières en terrasse
Nous subjuguait, et tout en s’élevant difficilement dans cette terrible moiteur
Nous inspirait une sensation d’aventure dans de grands espaces
La rencontre de ces différents groupes ethniques très colorés
Fut très intéressante. Les hmong avaient beaucoup souffert
Dans le passé, partout en Asie, ils avaient été pourchassés
L’école était obligatoire ici, même dans ce village un peu désert
Nous avons assisté à la classe, les enfants peu nombreux étaient charmants
Leur maîtresse les a appelés un par un, pour nous les présenter
Avec leurs petits uniformes bleus, ils étaient vraiment attachants
Ensuite nous descendîmes plus bas, « chiner » un peu au marché
Intéressant aussi, fut de visiter les habitations construites en hauteur
De se faire offrir le thé, servi simplement, dans une famille hospitalière
Notre séjour dans la région de Sapa avait était très initiateur
Mais déjà nous devions reprendre le train vers d’autres frontières
Direction à nouveau pour Hanoï, pour y passer une nouvelle nuit urbaine
Avant de partir avec Thang, en voiture, nous avions défini le trajet dès le matin
Nous nous arrêtions souvent pour boire, déguster ananas et bananes naines
Une pause repas était prévue, au col des nuages, pour découvrir le golfe du Tonkin
Hue était l’ancienne capitale du Vietnam, et les vestiges à visiter étaient pluriels
Jolie, la ville séparée par la rivière des parfums, nous est apparue
Nous sommes arrivés tard le soir, sous des pluies torrentielles
Le climat était bien différent après tous les kilomètres parcourus
Malgré tout, nous avons compris rapidement que cette cité allait nous plaire
Elle dégageait un inégalable romantisme avec cette rivière des parfums
Qui nous donnait l’envie d’embarquer, et de visiter sur ces berges extraordinaires
La cité royale, les mausolées et les pagodes des anciens souverains
Le lendemain nous primes donc le bateau réservé pour la journée
C’était une expérience excitante au possible, nous l’attendions avec impatience
Nous avons préféré un sampan, plus typique pour cette odyssée
Passant le pont Eiffel, j aperçu plus loin la cité royale, baignant dans le silence
Avec ces multiples portes d’entrée, la cité invite à la visite
Thang nous en explique rapidement l’histoire, elle possède deux parties
D’abord la partie impériale, appelée la cité pourpre interdite
Malheureusement détruite par les américains, juste avant que ceux-ci
Ne se retirent, non sans avoir fait le maximum de dégâts
Aussi bien en ce qui concerne les villes et les monuments
Qu’à toute la population du nord Vietnam qui résista
Avec beaucoup d’abnégation, face à cet adversaire arrogant
En visitant cette cité impériale, en partie démolie
Thang nous retraçait pour la première fois ce volet historique
Le pays était sorti totalement traumatisé par cette guerre de folie
Mais ils étaient vainqueurs de cette boucherie dramatique
La deuxième partie de la cité était la cité jaune impériale
Elle était aussi envoutante que la cité pourpre, et même plus fascinante encore
Nous ressentions intérieurement les péripéties qui avaient dû s’y dérouler
Une nuée d’étudiantes parcourait la cité dans de jolies robes longues multicolores
Elles étaient jolies dans leurs ‘ao dai’, et portaient une fleur dans leurs cheveux
Plus loin, des moines bouddhistes tout d’orange vêtus, répétaient leurs livres de sagesse
Ils étaient très studieux, car cela faisait partie de leur enseignement religieux
Ils étaient jeunes, et semblaient s’amuser, tout en révisant leur manuscrit avec paresse
C’était réconfortant, toute cette jeunesse autour de nous dans la cité impériale
Cela prouvait que les jeunes vietnamiens restaient respectueux des traditions
Et puis pour beaucoup d’étudiants, cela faisait partie d’un cérémonial
Comme aller toucher la tête d’une tortue, ici symbole de protection
Nous avions prévu la journée complète, pour visiter pagodes et tombeaux
Le plus impressionnant était le tombeau de Tu Duc, l’ancien empereur
Deux rangées de statues, composées de mandarins, d’éléphants et de chevaux
Semblaient garder l’entrée du temple comme des soldats, éternels défenseurs
La ville de Hue elle-même était charmante, il faisait bon s’y promener
C’était une jolie ville, surnommée la « ville de la beauté romantique »
Y compris le soir, où la chaleur moins étouffante et les rues animées
Faisaient que l’on aimait flâner dans cette ancienne capitale historique
Nous avons continué les visites chaque jour, car il y avait beaucoup à faire
Et nous partions incessamment pour notre ultime partie du voyage
A Nha Trang, en extension, mais qui restait une splendide petite ville balnéaire
Considérée au Vietnam comme un lieu reposant, avec ces magnifiques plages
On nous avait prévenu, Nha Trang devenait la proie du tourisme
C’était certainement les derniers bons moments pour profiter de cette ville balnéaire
Des plages de sable fin, belles et ensoleillées, mais promises au gigantisme
Nos derniers jours de vacances seraient paisibles et pour se distraire
Plus de guide avec nous, cette fois nous nous sentions en liberté totale
Et je dois reconnaitre que c’était à la fois excitant et très agréable
Cette fois, nous étions bien obligés d’affronter la réalité locale
Mais nous avions déjà une pratique du Vietnam, et nous nous en sentions capables
Il fallait terminer en beauté sur ces magnifiques plages notre voyage
En face de Nha Trang sur une des petites îles, un parc d’attraction
Permettait, après une arrivée en téléphérique, pour mieux admirer le paysage
D’oublier la cité balnéaire et de changer d’horizon
Nous méritions bien ces quelques moments de relâche
Je me rappelle que sur cette plage, les vendeuses étaient nombreuses
Elles vendaient des bijoux, des ananas, des fruits et autres pistaches
L’une d’elles, jeune, parlant parfaitement le Français, était masseuse
Elle nous expliqua que pour exercer son métier, avec les touristes
Il fallait parler au moins deux langues, l’anglais et le français
Et que l’argent gagné grâce à la qualité de ses massages taoïstes
Lui permettait de suivre des études universitaires, et qu’elle se cultivait
C’est avec de tels témoignages que nous avons compris
Combien le Vietnam était en train d’évoluer avec le tourisme
Que ce pays maintes fois envahit mais jamais véritablement conquis
Évoluait vers un destin meilleur, avec des habitants empreints d’optimisme
Il me revient en tête deux proverbes vietnamiens subtiles
« Cent choses entendues ne valent pas une chose vue »
Et « Le premier pas est le plus difficile »
Ce voyage se terminait dans un Vietnam réservé et imprévu !
Santa Luzia
Le 1 er novembre 2016
Patrick Bazin